Le 7 février dernier, plus de 200 professionnels ont participé au webinaire régional, organisé par ESEA, l’ARS, France Assos santé et l’Assurance Maladie, à l’occasion des 3 ans du carnet de santé numérique. Retour sur les temps forts.
 

Un service 100% public pour gérer sa santé 

Pour ouvrir cet événement anniversaire, Héla GHARIANI, co-responsable de la Délégation au numérique en santé, a tout d'abord rappelé les enjeux derrière Mon espace santé : « Il faut qu’on arrive à offrir aux concitoyens un carnet de santé numérique, gratuit, universel, mis à la disposition par les pouvoirs publics, pour donner la main aux patients sur leurs données de santé ». 

Une attente partagée par les associations de patients, selon Géraldine GOULINET-FITE, coordinatrice régionale chez France Assos Santé. « Derrière Mon espace santé, on y voit aussi l’inclusion numérique pour tous et l’amélioration de la coordination des soins, notamment pour ceux qui en sont le plus éloignés, les personnes âgées, les personnes en situation de précarité, en situation de handicap […] en évitant les renoncements voire les ruptures de soins. », explique la porte-parole régionale de la voix des usagers.
 

Une adoption de plus en plus forte par les français 

La CNAM, représentée par Yezza GABSI, cheffe de projets numériques, a ensuite exposé quelques chiffres nationaux : « Plus de 97% de la population en France a un profil Mon espace santé ouvert, et peut recevoir des documents de santé de la part des professionnels de santé. 1 quart l’a déjà activé, soit plus de 17 millions de personnes au total, ce qui montre bien l’ampleur de l’adoption de ce service avec une forte augmentation du taux d’activation courant 2024 ». 

Par mois, c’est l’équivalent de la ville de Lyon qui active son espace santé. On observe également que la tranche d’âge ayant le plus activé Mon espace santé représente les adultes actifs entre 25 et 69 ans.
 

Un outil au service des soignants

Dans ce contexte, Pierre DUBREUIL, directeur de projets à la DNS, a rappelé que le  service connait une réelle prise en main par les professionnels de santé : « Aujourd’hui, 1 document sur 2 arrive dans Mon espace santé ».

Grâce à l’effort collectif opéré dans le cadre du Ségur, une évolution notable a été observée entre 2023 et 2024, avec une progression de 72% du nombre d’établissements et de soignants déposant des documents (compte-rendu d’examens biologiques, d’imagerie médicale, prescription de médicaments, etc.) dans le dossier médical de Mon espace santé. 

Côté consultation, 8 361 professionnels de santé ont consulté Mon espace santé en 2024, soit une augmentation de +de 69% par rapport à 2023.  Ce sont plus de 30 000 soignants libéraux qui ont consulté le dossier médical dans le dernier mois et sur cette même période, 25% des établissements de santé ont au moins un professionnel qui l’a consulté.

La consultation est notamment une priorité de la Vague 2 du Ségur dont « l’objectif est de faciliter la consultation du dossier médical partagé par les professionnels directement dans leurs outils d’ici quelques mois et ainsi utiliser la valeur déjà présente dans les dossiers patients ». 

Pour illustrer ces chiffres, le Docteur Jean-Yves AIRAUD, radiologue dans les Deux-Sèvres, a partagé son retour d’expérience, convaincu de l'apport du numérique dans sa pratique.  « On a la sécurité que les patients ont accès à leurs comptes-rendus détaillés, et s'il y a une modification, on peut réalimenter l'espace santé de façon simple », souligne-t-il. 
 

Utile aux parcours de soins

Pour rendre compte des apports de Mon espace santé dans les parcours de soins, Katia BODINIER, patiente atteinte d’une pathologie chronique, a partagé son témoignage concernant l’utilisation de l’outil dans son quotidien. « On peut y inscrire beaucoup de choses, y enregistrer carte d’identité, carte vitale et sa complémentaire santé. Un temps de familiarisation est nécessaire mais une fois qu'on a renseigné ses éléments personnels comme allergies, groupe sanguin, traitements, personnes à contacter, dernières volontés ; on est plus tranquille pour les prochains rendez-vous médicaux, car tout est au même endroit, c'est beaucoup plus simple », évoque-t-elle.

Également aidante pour sa mère, elle ajoute : « cela me sécurise de savoir que lorsque je m'absente, les professionnels peuvent accéder à l'ensemble de ses documents, c'est plus simple pour elle, et pour moi aussi, je me sens plus sereine ».
 

Un dispositif de prévention

Au-delà du partage des documents de santé clés, Mon espace santé « devient progressivement un véritable outil de prévention », rappelle Stéphanie LEGRAND, directrice de projets numériques à l’ARS. 

Avec le lancement de l’agenda en 2024, chacun peut disposer d’un calendrier prévisionnel rassemblant tous les rendez-vous importants pour le suivi de sa santé, et de celle de ses enfants : rappel de vaccination, examens ou dépistages. Il est aussi possible de bénéficier de notifications pour en être alertés. Par ailleurs, les assurés peuvent retrouver des conseils de prévention, selon leur âge et leur sexe, qui ont vocation à être encore davantage personnalisés prochainement avec les informations renseignées par l’assuré dans la rubrique Habitudes de vie (alimentation, activité physique, tabac, sommeil, écrans, alcool).

Un développement prometteur en Nouvelle-Aquitaine

Notre région est en tête, avec l’Auvergne-Rhône-Alpes, en termes d’activation de Mon espace santé par la population. 1 citoyen sur 4 a activé Mon espace santé (20,6% au niveau national), les Landes et la Gironde dans les départements en tête. 

Ainsi, en Nouvelle-Aquitaine, ce service a été particulièrement bien accueilli, avec une augmentation significative du nombre d'utilisateurs au cours des trois dernières années, en lien avec à l’investissement des équipes ARS, Assurance Maladie et ESEA qui œuvrent dans les territoires à son appropriation (à l’image du Tour de région 2023-2024).

L’occasion également, de rappeler que la Nouvelle-Aquitaine participe à toutes les expérimentations nationales visant à améliorer l’outil et les pratiques, dont deux en cours : 

• en lien avec les patients chroniques afin d’améliorer les fonctionnalités de l’outil et permettre qu’il réponde aux mieux aux attentes des usagers ;

• en lien avec la consultation du Dossier médical en établissement, qui à ce stade réunit 200 soignants embarqués dans plus de 70 établissements, permettant aux structures de repenser leur organisation au regard de l’accès au webDMP et des prérequis d'authentification type CPS ou eCPS, etc.
   

Les ambassadeurs rayonnent sur le territoire

Afin d’accompagner les citoyens dans l’adoption de ce nouveau service, le réseau des ambassadeurs Mon espace santé œuvre en proximité des usagers avec le concourt de l’Agence nationale pour la cohésion des territoires et le dispositif des conseillers numériques et des France services.

A ce titre, une ambassadrice régionale, Sarah GILLERY, cheffe de projet Inclusion numérique à Bordeaux Métropole et Ambassadrice Mon espace santé , a présenté le fonctionnement d’un acteur clé de la médiation numérique et son rôle vers l’autonomie numérique des usagers.  

Depuis 4 ans, les conseillers numériques ont réalisé 4 millions d’accompagnements au niveau national, dont 100.000 en lien avec la santé et notamment Mon espace santé. Pour Bordeaux Métropole, ce sont 60.000 actions réalisée et 800 autours de la santé. En Nouvelle-Aquitaine, le réseau des ambassadeurs représente plus de 400 bénévoles en capacité d’informer les citoyens des fonctionnalités et du potentiel de Mon espace santé.
 

Quelles perspectives ?

Alors que Mon espace santé fête ses trois ans, de nouvelles fonctionnalités sont en cours de développement pour répondre encore mieux aux besoins des usagers et aux retours des expérimentations en cours notamment en lien avec de l’intelligence artificielle. Afin que Mon espace santé devienne concrètement un outil numérique au service des patients et des soignants, il est encore nécessaire d'informer les citoyens de son existence et de sa plus-value au quotidien pour faciliter la gestion des parcours de santé.

La DNS a partagé les actions déjà enclenchées pour :

• Accélérer la trajectoire de progression de l’alimentation des documents de santé par les professionnels dans Mon espace santé, la plateforme de référence des données de santé des citoyens ; 

• Enrichir les fonctionnalités de prévention personnalisée proposées ; 

• Améliorer l’articulation et l’échange avec les divers outils numériques du quotidien des pros (MSSanté, e-parcours, etc.), etc.

Le mot de la fin est revenu à Vincent PASCASSIO-COMTE, Responsable du pôle numérique en santé ARS Nouvelle-Aquitaine. « C’est une fierté qu’à l’époque actuelle, on puisse avoir dans notre pays un service numérique souverain, sécurisé, mis en œuvre dans le respect de nos valeurs, intégrant de nombreux garde fous, piloté avec une organisation garantissant sa pérennité, et qui nous épargne de tout risque de récupération de nos données par des géants de la tech dont on ne sait pas ce qu’ils pourraient en faire… », évoque-t-il.

« Ce service est adapté à nos modes de vie et correspond à plusieurs attentes de nos concitoyens. Et c’est un des rares services aussi qui a du sens pour tous les profils et toutes les catégories d’âge ». 

« Je sais qu’un certain nombre d’entre vous ne sont plus vraiment à convaincre, mais j’espère aussi, quelque part, que vous serez parmi les meilleurs ambassadeurs de MES auprès de vos collègues, de vos confrères et de vos proches, et on sait que c’est ce qui marche le mieux », conclut-il.